samedi 12 janvier 2013

Anderlecht - La police ouvre le feu; Yacine dans le coma

ANDERLECHT La famille du Schaerbeekois de 21 ans grièvement blessé par balles lors d’un contrôle dimanche après midi rue Bara à Anderlecht met en cause l’intervention de la police, qualifiant de “disproportionnés” les quatre coups de feu.
Pour la famille de Yacine Himeur, le véhicule n’était pas volé, ses occupants n’étaient pas armés et il n’y a pas eu de “course-poursuite” , sinon à allure lente. Ils revenaient du car-wash et rentraient chez maman pour la galette des rois.
La famille dément qu’un policier ait été “traîné sur le capot” .
S’il s’agissait de l’immobiliser, pourquoi n’avoir pas visé les pneus ? Si un policier a été blessé à la jambe, ce n’est certainement pas par la voiture fonçant à grande vitesse pour le renverser. Et, enfin, s’il était recherché, Yacine Himeur n’est pas un “dangereux criminel” .
Au vu des suites d’enquête, la famille, que défend Me Damien Holfzapel, déposera plainte et se constituera partie civile.
Dans le coma, Yacine est dans un état critique mais pourtant enchaîné à son lit et surveillé par six agents pénitentiaires au total qui trouvent la situation particulièrement absurde à l’heure où les prisons bruxelloises se plaignent tant du manque de personnel.
Avec un projectile près de la colonne vertébrale, Yacine est pour l’instant inopérable. Son cerveau, son cœur, son foie et un de ses reins sont lésés.
Myriam Himeur a dû montrer beaucoup de courage pour élever seule ses enfants. Et pour une mère, son enfant est toujours le plus gentil du monde et ne ferait pas de mal à une mouche.
Pour la police, par contre, Yacine, né le 26 avril 1991, de Schaerbeek, est connu pour 22 faits de vol et fut condamné à Bruges à 37 mois de prison.
Pour sa mère, Yacine n’a jamais usé de violences ni mis la vie d’autrui en danger. “Ce n’étaient que des vols de coffres” , des cambriolages de nuit “dans des bâtiments vides”. Et encore, “mon fils n’était que chauffeur”.
Yacine se sait recherché. Il a vécu ces derniers mois à Lille : d’où l’immatriculation française de la Golf, laquelle sera remarquée dimanche par la police d’Anderlecht. “Mon fils était d’accord de purger sa peine mais pas maintenant qu’il avait une copine.”
À Noël, Yacine a voulu et a pris le risque de revenir en Belgique pour embrasser sa mère et lui présenter son amie. Et voilà.... “Il y a tous les jours à Bruxelles des refus d’obtempérer. Si chacun devait se terminer par une fusillade...”
Passager dans la Golf, Hakim, qui n’a pas été blessé, est le témoin clé. “Une patrouille nous collait depuis le square Albert. Elle avait mis le gyrophare. On aurait dû s’arrêter. Yacine a un peu accéléré mais pas vite. Ce n’était pas une course-poursuite. La Passat de la police continuait de coller. Comme rien ne se passait, on a continué. C’est plus loin, près de la gare du Midi, qu’on a été coincés dans la circulation, puis à un feu rouge, par une voiture banalisée arrivant d’en face et la Passat toujours derrière. Trois policiers sont sortis de la banalisée, l’arme au poing. Yacine a essayé de reculer mais s’il a reculé en braquant, c’est de très peu : on était coincés. Et eux ont tiré. […] Nous étions à l’arrêt, nous ne constituions un danger pour personne.”
Pour Hakim, c’était simple de tirer dans les pneus. “Le premier tir était déjà de face dans le pare-brise et à hauteur de tête. Je pense que Yacine, qui s’était abaissé, était déjà touché à ce moment. Puis, il y a eu les trois autres, rapprochés et tous dans l’habitacle. Les carreaux latéraux ont pété. J’ai entendu Yacine dire : Je suis touché. Le policier qui a ouvert de mon côté a dû voir que nous n’étions pas gantés et que nous n’avions pas d’arme. Alors il a dit : Bande de cons. Une douille a glissé à terre et j’ai demandé pourquoi cette fusillade. Il m’a rétorqué: Ta gueule, t’as déjà la chance de n’avoir rien pris.”
Et Yacine, blessé de deux balles dont une près du cœur, pissant le sang, a été plaqué au sol, menotté dans le dos, avec bottine sur la nuque et maintenu “de longues minutes” sans pitié dans cette position, baignant dans une mare de sang grandissante, jusqu’à l’arrivée des secours.

6/1/2013
http://www.dhnet.be/infos/faits-divers/article/420790/fusillade-de-la-gare-du-midi-une-autre-version.html

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